La 4è dose (ou 2e dose de rappel), la politique vaccinale et les enjeux de recherche associés

Début mars, les chercheurs de Covireivac se sont réunis en séminaire pour faire le point sur les essais en cours, leurs premiers résultats et les perspectives de recherche.  Morceaux choisis, en lien avec les ajustements des protocoles sur une 4è dose, de la table ronde réunissant Xavier de Lamballerie (INSERM U1207), Eric Tartour (HEGP), Jean-Daniel Lelievre (INSERM U955), Marie Paul Kieny (INSERM), Cécile Janssen (CRC, Annecy).

Que sait-on de l’évolution de l’immunité dans la durée ?

Tout d’abord, comme l’a expliqué le Pr Xavier de Lamballerie à cette table ronde, on est aujourd’hui dans une situation de plus en plus complexe à analyser du fait d’une part de la variabilité du virus avec pour l’instant 3 groupes antigéniques (souche historique jusque variant Delta, variants Beta et Gamma, et variants Omicron) et d’autre part de la variété des situations immunitaires des populations, avec une, deux ou trois doses de vaccins, une (ou plusieurs) infection (s) ou pas, avant ou après une des doses de vaccins, l’ordre pouvant induire des différences de réponse immunitaire.

Ensuite, comme l’a exposé  le Pr Jean-Daniel Lelièvre, si la baisse d’anticorps neutralisants dans le sang au fil des mois commence à être bien documentée, ce n’est pas le seul mécanisme qui intervient dans la réponse immunitaire et les études épidémiologiques de Santé Publique France ont montré une bonne protection de la vaccination avec contre les formes graves au premier trimestre 2022 pour des gens jeunes qui ont reçu deux doses, à la différence des personnes les plus âgées notamment pour qui la 3e dose est essentielle.

La clé est probablement à chercher du côté de la réponse T, dont le Pr Eric Tartour a expliqué qu’elle présentait l’avantage d’une forte persistance quelque soient les variants, même si le recul temporel reste encore limité.

Quels sont les sujets de recherche sur la 4è dose ?

Comme le résume Xavier de Lamballerie un premier sujet concerne le suivi immunitaire de la population : « comment fait-on pour le suivre pour essayer de proposer la meilleure vaccination au meilleur moment, à qui faut-il faire un rappel et quand ? »

La deuxième question est celle du vaccin utilisé pour les rappels comme l’a souligné Marie-Paul Kieny : vaccin initial ARNm, vaccin d’une autre technologie vaccinale du type de celle de Sanofi ou Novavax, vaccin multi-souche, couplage à terme avec le vaccin contre la grippe ; et des enjeux de politique de santé publique associés. Sans oublier la lisibilité et l’acceptabilité par la population, que rappellent les investigateurs au plus proche du terrain comme le Dr Cécile Janssen.

Plus d’informations sur les enjeux des formulations des vaccins, coordination internationale et calendriers des rappels à venir dans un prochain article.

Quelles sont les recommandations vaccinales à ce jour et quel impact sur les protocoles des essais et cohortes en cours ?

A ce jour, dans un contexte de vague Omicron, le Comité d’Orientation de la Stratégie Vaccinale a recommandé le 18 février 2022 de proposer une 4è dose 3 mois après la 3e dose aux personnes de plus de 80 ans ou résidant en Ehpad. La Haute Autorité de Santé dans son avis du 17 mars 2022 a proposé d’élargir cette recommandation, au minimum 6 mois après la 3e dose, aux personnes de plus de 65 ans souffrant de pathologies les exposant à un très haut risque de développer une forme grave de la covid, après discussion avec leur médecin. Par ailleurs, le gouvernement a ouvert le 31 mars la possibilité à toute personne de plus de 60 ans qui le souhaite de recevoir une 4è dose 6 mois au minimum après la 3è.

Dans ce contexte, Covireivac a décidé de laisser aux participants des essais Covicompare et de la cohorte Covpopart qui ont plus de 60 ans la possibilité mais pas l’obligation de recevoir une 4è dose à ce stade, ce qui permettra de l’évaluer. Les protocoles sont en cours d’adaptation.

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